Réponse aux lecteurs - 1

Publié le par lantiblog

Je vous propose aujourd'hui un premier billet qui inaugurera les réponses aux lecteurs. Une manière pour moi de faire quelques mises au point et de vous donner la parole. Ici, un long commentaire d'un lecteur, analysé et commenté. En gras, mes réponses aux remarques de ce lecteur nommé Célim.

 

"...sur la notion de culture : la vôtre est passablement restrictive, en ce sens que vous ne la considérez que sous son aspect "produit" : peu importe la forme de ce dernier. Même votre approche de l'école - il est d'ailleurs plus que douteux de faire de l'école un pilier de la culture, mais j'y reviendrais peut-être - montre une volonté d'examiner les produits qui y sont consommés plutôt que de chercher une "essence" introuvable. De sorte que votre projet, à cette lumière, se pare des défauts du philistinisme cultivé dénoncé par Arendt dans son article La crise de la culture."

 

La notion de culture ici proposée se veut restrictive puisqu’il s’agit de pouvoir la juger, jauger concrètement. Au lieu donc de se référer à une abstraction, un concept, il me semble plus pertinent pour mon projet de questionner des produits. Puisque c’est le produit, qui peut être culturel, que l’on consomme. Par le produit, le concept. Le livre d’un philosophe comme Rousseau pour découvrir des concepts philosophiques. Mon but n’est pas de chercher une « essence introuvable » comme vous dites, il est plus dans la recherche d’une influence, d’influences, des produits proposés ou mis en avant plus exactement. Au cinéma, dans des bibliothèques, librairies, à l’école.

"Toujours dans cette approche de la culture, vous semblez oublier la multiplicité de celle-ci : vous n'évoquez à aucun moment une perspective sociologique, non plus que l'importance - primordiale - de la cellule familiale et de sa culture stricte. C'est-à-dire que l'influence, puisque tel est votre objet, devrait d'abord être recherchée là, dans les premières années, où l'enfant va juger de son expérience scolaire à l'aune du jugement parental. Ce qui permet également de mettre la main sur la notion d'expérience, qui est éclipsée chez vous par celle de consommation, ce me semble."

 

En effet, la cellule familiale n’est pas un sujet d’étude. La raison est que mes recherches se concentrent, une fois encore, sur la culture consommée. Consommée obligatoirement via l’école (le socle commun, les savoirs spécialisés des études avancées), ou volontairement (savoirs des bibliothèques, production actuelle disponible via les librairies, les cinémas…).

"En outre, la prédominance à la culture livresque - le cinéma y rentre - que vous semblez déployer me semble également douteuse. La culture livresque est "une" culture, mais pas "la" culture. Vous ne devriez pas faire l'économie d'interroger, mettons, les mythes - modernes ou anciens - les habitudes, les attitudes, les comportements, les manières de s'habiller, d'être, etc.."

 

S’il y a prédominance, dans mon étude attention, de cultures, je ne m’en cache pas. On est, selon moi, plus apte à analyser, critiquer des cultures qui nous sont familières. Issu d’une formation littéraire, et amoureux depuis très jeune des lettres, la littérature est une culture qui m’est plus facilement étudiable. Elle est aussi une pratique culturelle des Français, encore aujourd’hui, globalement répandue. Comme le cinéma. Je ne prétends à aucun moment que la culture livresque est la culture, juste « une » culture comme vous l’écrivez. Et puis, il faut bien faire des choix. On ne peut ratisser trop ni trop large. En prenant des cultures étudiables (par le concret des produits), familières, et globalement répandues je pense rester dans des sujets pertinents dans le cadre d’une telle étude.


"En somme, la multiplicité. De sorte que, le principal défaut de votre analyse, ici, est l'absence de réflexion pertinente sur le concept de culture et sa réduction à "LA Culture", sorte d'absolu mal défini et unique. Or, un simple coup d'œil par la fenêtre renseigne : il existe DES cultures. De classes, par exemple : classe moyenne, bourgeoisie haute, noblesse en fin de sang, racaille de quartiers, autre. De pays : anglaises, françaises, allemandes, avec chacune ses nuances selon l'ethnie. Un français auvergnat possède une culture spécifique à sa région, etc. De livres : on peut être cultivé à grand coup de Picsou Magazine ou bien avoir lu dès douze ans tout Platon."

 

Encore une fois, il y a erreur sur la visée de mon étude. Interroger les cultures, la multiplicité ? Là n’est pas le sujet. L’enseignement scolaire, l’histoire ou la littérature, jusqu’au lycée, est analysable et a l’avantage d’être soumis à tout le monde. Je questionne des éléments qui peuvent former, ou forment, des savoirs accessibles à tous. Soit, obligatoirement (école), ou potentiellement (culture ancienne, culture actuelle via les librairies, bibliothèques, cinémas…il suffit d’y aller).

"...la forme de votre introduction.D'abord, vous faites l'économie d'une définition claire des termes de votre sujet : "culture" est à peine esquissée, tandis qu'"influence" doit se contenter d'une vulgate rapidement énoncé. C'est un oubli cruel qui tend à montrer votre imprécision et votre méconnaissance de ce dont vous aller parler. Ainsi, lorsque vous réduisez la notion de culture, vous ne justifiez en rien cette réduction, sinon par l'arbitraire. C'est une erreur : tout doit être justifié, car tout doit aller dans le sens de votre réflexion."

 

J’ai bien conscience de la rapide définition de la « culture » dans cette introduction. Cela manque de précisions. Comme pour l’influence. Grâce à vos remarques, j’ai pu préciser ce qu’est cette culture interrogée. La culture consommée, obligatoirement ou potentiellement. La culture sous la forme d’un produit. Marchand ou non.  


"Or, ici, de réflexion, on ne voit pas la trace. Ce que je veux dire par là, c'est que votre introduction ne déploie pas de fil directeur - pour ne pas employer le gros mot, mais juste, de problématique, qui fait tant peur - et cela est gênant. En effet, vous n'avez que quelques questions, qui servent uniquement à mettre en lumière vos idées sur les deux concepts clefs, et donc, en négatif, ce que vous laissez dans l'ombre, mais aucune trace de réflexion de fond. Aucun questionnement, même artificiel, qui permettrait au lecteur de comprendre ce que vous allez chercher."

 

Je peux comprendre que cette introduction soit nébuleuse, elle l’est d’une certaine façon. Le plan est à moitié fait, il est sujet à quelques changements. Les prochaines publications montreront un enchaînement logique des démonstrations.

"De cette façon, les trois moments de votre analyse - qui font redondance avec l'annonce de plan - apparaissent comme un catalogue arbitraire, injustifié et non défini. Je le relis à l'instant et il est amusant de voir comment vous excluez l'apprentissage auprès des parents, d'un revers de phrase. À la lecture, ces paragraphes semblent dogmatiques, arbitraires et dénués de toute réflexion de fond. Inintéressant, en somme.

Et par contamination, ce qu'ils annoncent apparaît de même. Votre plan pose donc problème à deux titres au moins.
D'abord, il est en doublon de vos éléments étudiés. Pourquoi n'avait pas placé ceux-ci directement dans l'ordre et avoir fait l'économie d'une annonce maladroite ? Vous auriez ainsi pu éviter des définitions fragmentaires et arbitraires ainsi qu'une répétition malvenue. En effet : vous énoncer vos aspects en un ordre, puis les explorer dans un autre. Il y a ici clairement une faute logique : si vous étiez sûr de votre découpage, celui-ci serait inamovible, pas soumis à quelque caprice."

 

Je vous suis pour le découpage. L’introduction est fluctuante car le découpage l’est. C’est parce que la réflexion est en gestation. Cela aussi sera corrigé progressivement. Comme la redondance.

"Une introduction se compose canoniquement de trois paragraphes : un premier accrocheur, avec une définition rapide mais pesante des termes du sujet et une énonciation claire et distincte de celui-ci, un second contenant la problématique étudiée au long du devoir et un dernier annonçant le plan de ce devoir. Avant d'être taxé d'académisme outrancier, je tiens à préciser que je rappelle ceci uniquement car, dans les lectures que j'ai pu faire, je n'ai vu de plan plus rigoureux pour guider la pensée. Ni, d'ailleurs, d'autre plan appliqué, même s'il était souvent incroyablement déformé. Il n'en reste pas moins le squelette le plus solide sur lequel appuyer une réflexion et, peut-être, vous aurait-il servi ici."

 

Vous avez raison pour l’introduction, celle-ci sera remaniée en suivant ces conseils, même si ce canon, lu à plusieurs reprises dans des ouvrages universitaires, est assez rebutant. Je sais à quel point, dans le milieu universitaire, l’introduction est importante. Pour ma part, l’essentiel est de se frotter à des analyses, des concepts pertinents. Dans le cœur de l’ouvrage donc. J’ai connu tant de dissertations philosophiques/ou essais commençant par une belle introduction, belle au sens canonique, et s’échouant lamentablement sur le terrain de l’analyse.  En rouvrant L'Empire des signes de Roland Barthes, aucune introduction canonique. Pourtant, l'ouvrage est d'une grande finesse et reste encore aujourd'hui très pertinent pour qui s'intéresse au Japon. L'introduction sera remaniée, de là à se plier à une vision canonique de la chose, il y a un pas que je peux ne pas franchir.

"Il est bas, mauvais et ridicule de se complaire dans cette habitude des quelques tâcherons intellectuels de notre époque de se "nousnoyer". C'est du dernier mauvais effet et ne montre rien d'autre qu'une pédanterie assez minable. Employez le "je" si vous voulez vous investir, mais, pitié, proscrivez le "nous". Ce n'est rien d'autre qu'un tour de manche autoritaire pour asseoir son emprise sur le lecteur. Une tricherie, en somme. En outre, et cette fois-ci faisant preuve d'un académisme outrancier, je déconseille l'utilisation de tous les pronoms suivants dans un texte : "je", "tu", "on", "nous" et "vous". Mais ceci n'est que fantaisie d'esthète décadent."

 

Le « nous » est une trace de ma formation universitaire. Le « nous » et non le « je », dans la méthodologie universitaire on utilise le « nous ». Le « je » d’ailleurs me semble toujours un peu trop narcissique. Malgré votre paragraphe, entre les deux mon cœur balance encore.

"En français, les paragraphes commencent par des alinéas ; ne me jetez pas la pierre, je ne sais pas comment les intégrer à mon commentaire."

 

Je retiens pour les alinéas, bonne remarque.

"La forme d'accentuation du discours écrit en français pose un léger problème. Il vaut mieux privilégier le recours aux italiques plutôt qu'aux caractères gras. C'est du moins la leçon que je retire de mes lectures. Cependant, de façon générale, il vaut mieux être capable d'accentuer quelque chose à travers le discours plutôt que de reposer sur un artéfact typographique."

 

Pour le gras, cela est un défaut d’écriture sur Internet. Sur d’autres blogs que je gère, il m’arrive souvent de mettre en gras quelques mots, expressions. Je vais m’en tenir aux italiques pour la suite.

Publié dans Réponses aux lecteurs

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